PORTRAITS. Notre amie paroissienne Hélène Prono, journaliste à la retraite, nous propose de rencontrer régulièrement des membres de la communauté
paroissiale, certains bien connus et familiers, d’autre moins, ou même pas du tout...
Ni tableau d’honneur, ni béatification, simplement pour se réjouir de la variété de l’appel du Christ dans tant de vies aussi diverses.
Le regard pétillant et le sourire communicatif, Hugo Faye pourrait être un jeune homme comme beaucoup d'autres. A ceci près : il a choisi à 26 ans de demander la confirmation, fruit d’un chemin personnel et d’une « conversion » qui a modifié le cours de sa vie.
Hugo est d’origine colombienne. Il a été adopté à l’âge de 2 ans par une famille française, installée depuis une dizaine d’années à Morancé. Hugo, c’est un peu le fils prodigue de la parabole. Il voulait repartir en Colombie sur les traces de sa famille biologique, mais la crise du Covid a chamboulé ses plans. Il se retrouve alors en grande solitude, en proie à de grosses difficultés financières, mais surtout à une grave crise intérieure. Aujourd’hui, avec le recul, Hugo se rend compte que « Dieu ne l’a jamais abandonné », et qu’à travers les épreuves qu’il a traversées, Dieu était présent « Je me suis senti aimé, alors que j’étais dans le néant »confie-t-il. En relisant les événements de ces dernières années, « je me dis : ah, tiens ! A tel moment il y a eu ça, et puis ça. Oui, Dieu ne m’a jamais laissé tomber ».
Un jour qu’il travaillait sur un chantier à transporter de lourds étais de plusieurs dizaines de kilos, il a eu l’impression que c’était la croix qu’il tenait sur ses épaules. Et au moment où il n’en pouvait plus, où il allait tout lâcher, il a senti d’un seul coup que le Christ était là et portait son fardeau. L’étai était devenu léger, Hugo ne sentait plus le poids écrasant de la charge. Une expérience puissante, qui a remis Hugo sur le chemin de la foi, alors qu’auparavant, et malgré l’éducation chrétienne qu’il avait reçue, il ne se posait guère de questions.
« Je sens qu’Il me guide, qu’Il me montre des choses. Mais c’est dur d’être chrétien, cela demande des efforts. C’est grâce à Lui que j’ai réussi à pardonner à certaines personnes. Si on ne pardonne pas, on s’enfonce, alors que si on pardonne on se sent libéré, délivré. »
Aujourd’hui métallier-soudeur, Hugo a commencé à prier régulièrement. Il avoue qu’il lui arrive aussi de prier en travaillant : « En soudant, il n’y a que les mains occupées, et sous la cagoule, c’est possible, personne ne te voit. C’est comme dans le verset « Va dans ta chambre, ferme la porte et prie ton Père qui est dans le secret », c’est un dialogue intérieur » (Matthieu 6,6)
Beau témoignage que celui d’Hugo qui continue son chemin de foi et de vie. Sa préoccupation actuelle : trouver une entreprise susceptible de l’embaucher en CDI.
S’il fallait choisir une phrase de l’Evangile qui serait à l’image de l’itinéraire d’Hugo, ce serait sans doute la parole que le Christ adresse à ses disciples, naviguant sur le lac de Galilée, leur barque secouée par les vagues et les vents contraires, à tel point qu’ils pensent être engloutis :
« Confiance, c’est moi, n’ayez pas peur !» (Marc 6,50)
Elle en rêvait depuis des années. Un jour, elle s’est décidée. C’était en mai 2019, et voilà Françoise qui ferme la porte de sa maison, prend une grande goulée d’oxygène, et s’élance sur les chemins de Saint-Jacques de Compostelle.
Le périple va durer 4 mois. Quatre mois où elle chemine comme une pèlerine du Moyen-Âge, s’arrêtant dans les églises ou les monastères, seule, dans un cœur à cœur permanent avec Dieu. Sur le magnifique plateau d’Aubrac, la joie déborde. Françoise chante, crie son bonheur, célèbre avec toute la création.
« Quand tu marches, tu te débarrasses du superflu» confie-t-elle. Le chemin de Saint-Jacques, c’est un vrai chemin de dépouillement. Une expérience spirituelle authentique.
A la Cruz de Ferro, en Espagne, à l’image des milliers de pèlerins qui l’ont précédée, elle dépose sa petite pierre au pied de la croix. Symboliquement, cette pierre représente le poids de nos péchés dont le Christ veut nous libérer.
« J’ai vraiment eu l’impression que je déposais mon paquet » dit Françoise. Car le paquet pèse très lourd. On pourrait dire de Françoise qu’elle est passablement « cabossée ». Divorcée, elle élève seule son fils atteint de troubles du comportement, dont elle saura des années plus tard qu’il souffre du syndrôme Gilles de la Tourette, une maladie neuropsychiatrique. En attendant, les crises sont nombreuses. Françoise se sent isolée. Elle a peu de relations et personne sur qui s’appuyer.
Alors, dans l’impasse où elle se trouve, elle se souvient que Dieu existe. Elle recommence à aller à l’église, se confesse,
et verse des torrents de larmes. En 2005, le prêtre de la paroisse lui propose de faire le parcours Alpha, au cours duquel elle reçoit une effusion de l’Esprit-Saint. « J’avais l’impression que le Christ me prenait dans ses bras et me disait cette petite phrase du prophète Isaïe : « Tu as du prix à mes yeux, et je t’aime » (Isaïe 43,4).
Forte de cette expérience Françoise entame une nouvelle vie, tisse un réseau de relations avec les membres de la paroisse, et devient sacristine à l’église de Pommiers, fidèle parmi les fidèles.
Au contraire des chemins de Saint-Jacques, les chemins du Seigneur sont mystérieux… Dans l’Evangile, Françoise affectionne particulièrement la figure de Marie-Madeleine, cette femme que l’on appelle aussi « la pècheresse pardonnée ». Car, « Là où le péché a abondé, la grâce a surabondé ». Au matin de la Résurrection, la pierre du tombeau a été roulée, et Jésus apparait à Marie-Madeleine. Elle le prend pour le jardinier, mais dès qu’il l’appelle par son nom, elle le reconnait. Ainsi Françoise s’entend-t-elle appeler« Françoise »… tant il est vrai que Jésus se fait infiniment proche de nous… et de chacun de nous..
"Nous annonçons le Christ Jésus qui est présent et agissant dans nos vies".
Mgr de Germay,
Lettre pastorale "Cap sur la mission", 2021
Paroisse St Cyprien de Buisante
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04 74 67 02 32
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